Publié le 13 août 2020
ENVIRONNEMENT
Environ un cinquième du soja importé du Brésil en Europe provient de la déforestation illégale. De par sa teneur en protéines élevée et sa valeur énergétique, le soja est extrêmement plébiscité pour nourrir les volailles et le porc, si bien qu'il se retrouve dans de nombreux produits que nous consommons au quotidien. C'est ainsi le soja qui pèse le plus lourd dans l'empreinte forêt des Français. Toute la semaine, Novethic se penche sur les effets néfastes de nos modes alimentaires.
Depuis une vingtaine d’années, la culture du soja est celle qui a subi la plus forte croissance au niveau mondial. La superficie qui lui est dédiée dépasse un million de kilomètres carrés, soit l’équivalent des superficies de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas réunis. Mais sa production menace les forêts et les écosystèmes notamment en Amérique du Sud. Selon les chiffres officiels, la déforestation de l'Amazonie brésilienne a atteint un record au cours du premier semestre 2020 avec une accélération de 25 % par rapport à la même période de 2019.
Des données à mettre en relation avec celles publiées le 16 juillet dans la revue Science. Selon l'étude, "entre 18 % et 22 % - possiblement davantage - des exportations annuelles du Brésil vers l’UE sont le fruit de la déforestation illégale." Ce soja est principalement destiné à l’alimentation animale d’élevages industriels, tant pour les volailles que pour le porc, dont les Européens restent le premier exportateur.
Le soja principal vecteur de déforestation
Depuis plusieurs années, les ONG alertent sur le risque encore méconnu que représente le soja sur la déforestation. "Dans l’esprit de beaucoup de gens, ce sont le bois, le papier et l’huile de palme alimentaire qui sont le plus responsables de déforestation, alors qu’ils ne représentent que 11 % de l’empreinte forêt des Français", expliquait Boris Patentreger, vice-président fondateur d’Envol vert, lors d’une publication sur le sujet en novembre 2018.
L’ONG a calculé l’empreinte forêt moyenne des Français, c’est-à-dire la mesure de la surface de forêt nécessaire pour subvenir à nos modes de vie et consommations. C’est le soja qui est le principal vecteur de déforestation représentant 206 mètres carrés sur un total de 352 mètres carrés utilisés, très loin devant le cuir (37 m²), l’huile de palme (33 m²), le papier (24 m²), le café (19 m²), l’hévéa (13 m²), le cacao et le bois pourtant si souvent pointé du doigt (10 m² chacun).
Du soja "caché" dans notre assiette
Ce sont ainsi 57 kilogrammes de soja "caché" qui sont consommés par Européen chaque année via notre alimentation riche en viande blanche, en œufs ou encore en produits laitiers. Sur le terrain, cela représente une empreinte de 2,8 millions d’hectares principalement au Brésil et en Argentine, deux pays qui présentent un très fort risque de déforestation. Le WWF estime qu’au cours des cinq dernières années, l’équivalent d’un pays comme la Belgique a disparu à cause de la consommation française de soja.
De nombreuses entreprises, comme Carrefour, Danone, Unilever ou Nestlé, ont pris des objectifs zéro déforestation d’ici 2020. Le gouvernement, de son côté, s’est engagé à mettre fin à la déforestation "importée" via les produits que nous consommons au quotidien, d’ici 2030. Au niveau européen, l'accord de libre-échange entre l'UE et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) est quant à lui de plus en plus contesté en raison de l'avancée de la déforestation amazonienne. La France a notamment prévenu qu’elle ne ratifierait pas le texte.
Concepcion Alvarez, @conce1
August 13, 2020 at 08:49PM
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[La mondialisation dans l'assiette] Le soja décime massivement les forêts brésiliennes - Novethic
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