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Les arbres reviennent où on les avait coupés. Les projets de forêts urbaines se multiplient pour accompagner le retour de la nature en ville. A Paris, on a planté en 2019 une mini-forêt primaire, dense, censée pousser dix fois plus vite, selon la méthode du botaniste japonais Miyawaki. Reportage à 100 mètres du périphérique parisien.
Les forêts urbaines sauveront-elles les villes du réchauffement climatique ? Des arbres en ville et en pleine terre, plutôt qu’en pot, fût-il géant, « entre béton et bitume », comme le chantait dans les années 70 Maxime Le Forestier (son nom annonçait la chanson). Les initiatives et les projets se multiplient à mesure que se rapproche la menace étouffante d’un thermomètre urbain flirtant avec les 50 degrés Celsius.
À Paris, en attendant la plantation de quatre mini-forêts annoncées par Anne Hidalgo, la maire inaugurait en mars 2019, entre le bois de Vincennes et le boulevard périphérique, une forêt urbaine « révolutionnaire » plantée selon la méthode Miyawaki. Akira Miyawaki, botaniste japonais, a imaginé le concept de mini-forêts primitives, telles qu’elles existaient avant l’intervention humaine, pour restaurer des sols dégradés en un temps record.
Trente fois plus dense qu’une forêt traditionnelle
La parcelle ne mesure que 700 mètres carrés, et près d’un an et demi après sa plantation, on y est allé en compagnie de Stéphane Hallaire, le président de ReforestAction, l’entreprise qui a participé à sa création et qui promeut la méthode Miyawaki. « Au lieu d’avoir un arbre tous les huit à dix mètres carré, ici on a planté trois arbres par mètres carré. C’est trente fois plus dense qu’une forêt traditionnelle. On ne peut pas s’y promener, ce n’est pas un lieu récréatif. C’est un espace rendu à la nature », et à toute la biodiversité qui la compose : animaux, végétaux et champignons.
La densité des forêts Miyawaki induit deux phénomènes à priori contradictoires. La symbiose, d’abord : les systèmes racinaires s’entraident. L’union fait la force. Et puis la concurrence : une saine émulation. La sélection naturelle. Les arbres poussent ainsi beaucoup plus vite. Exemple à l’appui, Stéphane Hallaire s’arrête devant un bébé-arbre déjà grand de 1,80m, alors qu’il mesurait seulement quelques dizaines de centimètres il y a un an. « On a planté ça l’année dernière !, s’enthousiasme-t-il. Donc on a des taux de croissance qui sont extrêmement intéressants. » On devrait obtenir en trente ans une forêt qui aurait mis deux siècles à pousser.
« Des baisses de températures significatives »
Outre la densité, la méthode Miyawaki s’appui sur la diversité. « Dans les forêts traditionnelles, on va avoir deux à cinq essences d’arbres différentes. Ici, on a en a planté une vingtaine. » Vingt-trois exactement, du chêne au charme, uniquement ce qui pousse dans la région depuis des siècles. Des essences autochtones, capable d’être ainsi davantage résilientes face aux maladies, à la sécheresse et aux canicules.
La canicule… ce phénomène de plus en plus fréquent et de plus en plus redouté par les habitants des villes où dominent le minéral : la pierre, le béton, le bitume - tout ce qui n’est ni eau ni végétal pour faire simple. Tout ce qui retient la chaleur, et empêche les thermomètres de baisser suffisamment la nuit.
« En forêt, rappelle Stéphane Hallaire, les températures sont de deux à huit degrés inférieures à celles relevées dans les zones bétonnées. Donc c’est ce qu’on attend ici : des baisses de températures significatives, dans la forêt, et à sa proximité immédiate. »
Avant de repartir, on aperçoit un gros terrier. Sans doute celui d’un renard. « C’est une bonne nouvelle pour notre forêt, se réjouit Stéphane Hallaire. Les renards chassent les lapins qui pourraient se nourrir des jeunes arbres qu’on a plantés. » La nature revient en ville et y retrouve son équilibre.
August 23, 2020 at 05:46AM
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C'est dans ta nature - Quand la forêt revient en ville - RFI
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